Jouany Chatoux, agriculteur engagé et pionnier dans le domaine du chanvre CBD en France, partage avec nous son parcours et les défis auxquels fait face la filière hexagonale. Installé dans la Creuse depuis plus de 20 ans, Jouany possède une ferme polyvalente axée sur l’innovation et la recherche. En 2016, il a mis en place un système de méthanisation afin de valoriser les déchets agricoles et produire de l’électricité. C’est dans ce contexte qu’il a découvert les bienfaits du cannabis en tant que plante thérapeutique et de bien-être.
Jouany a d’abord vu dans la culture du cannabis une opportunité économique pour diversifier ses activités agricoles et créer de la valeur ajoutée, notamment dans le domaine du bien-être. Grâce à la présence d’un séchoir à proximité de son méthaniseur, il a pu traiter de grandes quantités de matière végétale à moindre coût. La production de chanvre lui permettait également d’optimiser l’utilisation de la chaleur issue de la méthanisation. Jouany a donc décidé de se lancer dans la culture du chanvre à grande échelle.
En tant que fondateur et porte-parole de l’Association Française des Producteurs de Cannabinoïdes (AFPC), Jouany et son équipe ont fait face à de nombreux obstacles législatifs et administratifs. La filière CBD en France était confrontée à des problèmes judiciaires qui entravaient sa croissance. Ce n’est qu’après le jugement de la Cour de Justice de l’Union Européenne dans l’affaire Kanavape en novembre 2020 que Jouany et ses collègues ont pu commencer la transformation de leurs produits.
Cependant, la certification des produits transformés a été un autre défi majeur pour l’AFPC. Malgré le caractère écologique du chanvre, il a fallu se battre pendant plus d’un an avec Ecocert pour obtenir la certification des produits transformés contenant du CBD. Cette pression venait de l’État lui-même, qui ne souhaitait pas labelliser le chanvre contenant du CBD, même lorsque tous les critères étaient respectés. Face à ces problématiques, l’AFPC a décidé de créer un syndicat agricole spécifique pour les producteurs de cannabinoïdes, axé sur l’action concrète et la défense de leurs intérêts.
Le rôle de l’AFPC est de défendre les intérêts des producteurs français de cannabinoïdes face à l’État, aux institutions et aux autres acteurs de la filière. Contrairement à d’autres organisations telles que l’UIVEC (Union des Industriels pour la Valorisation des Extraits de Chanvre) et Interchanvre, l’AFPC se bat pour une filière libre et qualitative. Malheureusement, ces organisations ont exercé une influence considérable sur les décisions gouvernementales, ce qui entrave le développement de la filière CBD en France.
Jouany dénonce le manque de dialogue avec les autorités et la MILDECA, qui refusent de reconnaître l’AFPC comme un interlocuteur légitime. Selon lui, l’État est mal conseillé par des acteurs de la filière industrielle du CBD qui sont incompétents sur le sujet. L’arrêté de décembre 2021, rédigé en grande partie par l’UIVEC, vise à restreindre le marché et à imposer un monopole sur l’extraction des molécules du CBD. Cela entraverait la liberté des producteurs et la qualité des produits.
Malgré les obstacles rencontrés en France, Jouany voit dans la législation européenne un espoir pour la filière du CBD. Certains pays européens envisagent actuellement la légalisation du cannabis récréatif, ce qui pourrait influencer les décisions à venir. De plus, le Conseil Économique Social et Environnemental prépare un rapport sur les opportunités du cannabis thérapeutique. Jouany est convaincu que l’État doit prendre conscience de l’inéluctabilité du développement de la filière et travailler en collaboration avec l’AFPC et d’autres acteurs pour construire une filière de qualité, respectueuse des producteurs et avec une juste répartition des marges.
En conclusion, Jouany Chatoux, fervent défenseur de la filière CBD en France, nous fait part de sa vision et de ses préoccupations quant à l’évolution de la législation et des acteurs de la filière. Il souligne la nécessité de créer une filière française de qualité, comparable aux filières du vin et du fromage, afin de se démarquer de la concurrence et de garantir la pérennité du CBD en France. L’AFPC, dont Jouany est l’un des fondateurs et le porte-parole, se bat pour défendre les intérêts des producteurs de cannabinoïdes face à l’État et aux autres acteurs de la filière. Il espère que l’État prendra conscience de l’inéluctabilité du développement de la filière et travaillera en collaboration avec tous les acteurs pour construire une filière qualitative et libre.