Le gouvernement face au CBD : une interdiction controversée

Mercredi 14 décembre à 14 heures, le Conseil d’Etat s’est réuni pour aborder une question brûlante : l’interdiction de commercialisation des fleurs de chanvre chargées en cannabidiol (CBD). Cette décision, prise par le gouvernement le 30 décembre 2021, a suscité de vives réactions et engendré un véritable débat. Mais pourquoi cette décision définitive est-elle si attendue ? Et quelles sont les conséquences potentielles pour les commerçants et les consommateurs ? On vous explique tout.

Sortir du flou juridique

Depuis plusieurs années, le CBD, molécule non-psychotrope du cannabis, était considéré comme un produit stupéfiant en France, au même titre que le tétrahydrocannabinol (THC). Cependant, en novembre 2020, la Cour de justice de l’Union européenne a statué en faveur du CBD, affirmant que cette molécule n’avait pas d’effets psychotropes ni nocifs pour la santé humaine. La France, en tant que pays membre de l’Union européenne, était donc contrainte de respecter cette décision et de permettre la commercialisation du CBD.

Cependant, le gouvernement a choisi de restreindre cette autorisation en interdisant la vente, la détention et la consommation des fleurs de CBD. Cette décision a été contestée devant le Conseil d’Etat, qui a temporairement suspendu l’arrêté gouvernemental en janvier dernier. Aujourd’hui, le Conseil d’Etat doit prononcer sa décision définitive, mettant ainsi fin à un flou juridique persistant depuis 2014.

Un enjeu économique majeur

Si l’interdiction des fleurs de CBD est maintenue, cela aura un impact désastreux sur la filière française. En effet, selon Charles Morel, président de l’Union des professionnels du CBD, la vente de fleurs représente généralement les trois quarts du chiffre d’affaires des professionnels du secteur. Environ 2 000 boutiques spécialisées seraient contraintes de fermer leurs portes. Des commerçants, autrefois prospères, se retrouveraient alors dans une situation économique très précaire.

De plus, les arguments avancés par le gouvernement pour justifier cette interdiction suscitent la perplexité. En qualifiant le CBD de « psychoactif », le gouvernement essaie de semer la confusion chez le grand public. Pourtant, de nombreux produits du quotidien, tels que le café ou les activités sportives, ont également un effet psychoactif. De plus, des tests existent déjà en Suisse et en Italie pour distinguer les fleurs légales des fleurs illégales. Il suffirait simplement d’équiper les forces de l’ordre avec ces tests, ce qui ne serait pas plus coûteux que l’utilisation d’alcootests à grande échelle.

Les consommateurs face à l’interdiction

Enfin, l’interdiction des fleurs de CBD pourrait bouleverser les habitudes des consommateurs. Beaucoup de personnes utilisent le CBD comme alternative au THC, afin de soulager certains problèmes de santé sans les effets néfastes de cette substance psychoactive. Pour certains consommateurs, le CBD a été une étape transitoire avant de complètement arrêter la consommation de cannabis. Ces personnes estiment que leur démarche devrait être encouragée par les pouvoirs publics, au lieu d’être reléguée à la clandestinité.

Les représentants du secteur du CBD dénoncent une démarche « électoraliste » de la part du gouvernement, en soulignant les propos du ministre de l’Intérieur, Gérald Darmanin, qui associe le CBD à la drogue et s’oppose à sa légalisation. Ils estiment que le ministre utilise des arguments mensongers pour des gains politiques à court terme. Le jugement du Conseil d’Etat sera donc déterminant pour l’avenir de la filière et de tous les acteurs qui en dépendent.

Alors, si vous êtes passionné par le CBD, ou si vous êtes un consommateur cherchant une alternative au THC, restez à l’affût de la décision du Conseil d’Etat. Cette décision pourrait marquer un tournant dans le paysage juridique du CBD en France. En attendant, nous espérons que cet article vous aura éclairé sur les enjeux et les conséquences de cette affaire. Prenez soin de vous et explorez de nouvelles voies sans hésiter!